Famille : Nepidae
Nom : Ranatra linearis
Autres noms : Punaise à queue, Scorpion d’eau à aiguille
D’aspect très linéaire, semblable à un phasme, la ranatre est pourvue d’un long siphon respiratoire dans le prolongement de l’abdomen. Les pattes antérieures sont ravisseuses et lui permettent d’attraper ses proies. La tête est pourvue d’un rostre à l’avant des yeux.
L’abdomen, rouge vif, est masqué par deux longs élytres. Les ailes, membraneuses, sont de couleur bleu clair.
La ranatre est une espèce assez commune. Son corps mesure 30 à 40 mm auquel il faut rajouter la longueur du siphon respiratoire caudal d’environ 25 à 35 mm. Le corps est très long et fin, de couleur brune. Elle ressemble ainsi à une brindille. Toutes les pattes sont longues et grêles. Rien que les hanches mesurent 7 à 8 mm. A l’inverse de la nèpe, elle n’est pas recouverte de vase.
La tête, petite et triangulaire, est moins étroite que le prothorax*. Les yeux sont globuleux et bien visibles. Les antennes, courtes, sont composées de trois articles. Le rostre piqueur-suceur est court. Le prothorax est très long, fin, de forme cylindrique.
Les pattes antérieures sont transformées en organes préhensiles et servent à la prédation. Les hanches sont bien développées et le fémur renflé est pourvu d’une rainure dans laquelle vient se replier le tibia et le tarse. Par analogie, cela ressemblerait à une lame de couteau pliant (tibia) qu’on rangerait dans son manche (fémur). La gouttière de la cuisse comprend de petites excroissances, dont une importante, empêchant ainsi la proie de s’échapper lors de la capture. Le fémur antérieur est beaucoup plus long que le tibia. Le tarse n’a qu’un seul article dépourvu de griffes.
La ranatre n’est pas une bonne nageuse, ses pattes intermédiaires et postérieures ne sont pas adaptées à la nage comme d’autres punaises aquatiques (pas de soies natatoires). Ces pattes servent à grimper et à s’accrocher sur la végétation aquatique. On la voit souvent immobile ou marchant lentement sur une plante aquatique ou sur le fond.
Comme chez toutes les punaises, les hémélytres (ailes antérieures) sont coriaces à la base et membraneuses à l’extrémité. Les hémélytres sont repliées à plat sur le corps et se recouvrent partiellement. Les deux ailes postérieures sont membraneuses, la base de leurs nervures est de couleur brune.
La ranatre peut emmagasiner de l’air sous ses hémélytres. Le contact avec l’air libre se fait par le siphon respiratoire, à la manière d’un tuba. Non rétractile, il est composé de deux gouttières creuses qui se réunissent pour former un tube. L’air y pénètre puis arrive jusqu’aux deux premiers stigmates placés au bout de l’abdomen.
Cette espèce est capable de voler de jour et de nuit principalement lorsqu’il fait chaud, notamment pour assurer la pérennisation de l’espèce.
On trouve la ranatre dans les eaux stagnantes, telles que mares et étangs, avec une préférence pour les fonds graveleux plutôt que vaseux. Cela peut être des ruisseaux à cours très lent. Son milieu est riche en plantes aquatiques. Elle se tient proche des rives, mais pas forcément proche de la surface.
La ranatre est un prédateur et se nourrit de vers de vase, d’insectes aquatiques, de larves, de têtards voire de petits poissons. Elle saisit ses proies avec ses pattes ravisseuses avant de les percer de son rostre et d’aspirer le contenu réduit en bouillie par un suc digestif.
Sa forme et sa couleur lui permettent de se confondre avec l’environnement et de chasser à l’affût dans les plantes parmi lesquelles elle se dissimule. Ce mimétisme est aussi un bon moyen de se camoufler de ses prédateurs. Lorsqu’on s’en saisit, la ranatre a aussi la faculté de pouvoir faire le mort.
La reproduction a lieu au printemps. Le développement larvaire est estival et comporte cinq stades. Il est assez rapide puisqu’il faut moins de deux mois pour passer du stade larvaire à l’état adulte
L’accouplement a lieu au début du printemps. En mai-juin, la femelle pond ses œufs dans le tissu des plantes aquatiques situées en surface (joncs, massettes). Les œufs, souvent placés en série, mesurent environ 2 mm et se terminent par deux longs filaments, visibles du dehors. La croissance de la larve est lente, il existe cinq mues larvaires. Les larves éclosent entre mai et juillet et deviennent des imagos (insecte parfait) vers septembre. Le tube respiratoire de la larve est court et n’atteint sa longueur définitive qu’à la dernière mue. L’imago hiverne. L’espèce se pérennise grâce à la colonisation de nouveaux lieux par le vol.
La durée de vie de l’imago est estimée à deux ans.
Les pattes ravisseuses ressemblent assez à celles des mantes religieuses (ordre des Orthoptères).
La ranatre se camoufle très bien : corps long et fin de couleur brune, pour ressembler à une brindille et se confondre avec les feuilles à moitié décomposées. Ce dernier trait s’observe aussi chez la nèpe.
Un phénomène d’immobilisation réflexe, différent de l’immobilité précitée, s’observe chez les Nepidae, principalement en situation de danger comme lorsqu’on la touche. Cette immobilité ne simule pas vraiment une mort de l’insecte. En effet, lorsqu’il est mort, ses pattes intermédiaires et postérieures sont fléchies et le corps n’est pas rigide. Dans le cas de l’immobilisation réflexe, ces mêmes pattes sont allongées contre l’abdomen, les pattes antérieures sont dirigées vers l’avant, dans une position rigide.
Attention à sa manipulation, la ranatre peut piquer. La piqûre est infligée avec le rostre. Même si la douleur semble légère et de courte durée, il faut néanmoins rester vigilant quant aux souillures du rostre.
Rédacteur : Mathieu Kokot
Sources :
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