Les cours d’eau du bassin versant de la rivière École ont été largement aménagés pour les besoins de l’industrie minotière. Le lit mineur de la rivière a été rectifié et perché, sur de grands linéaires. La part de lits perchés reste très importante et illustre le fort degré d’artificialisation des cours d’eau du bassin versant :
Les biefs perchés posent plusieurs problèmes :
Concernant ce dernier point, le SEMEA a pu évaluer le risque de fuite dans le cadre de la révision du programme pluriannuel d’entretien. Ainsi, le risque de fuite se répartit comme suit dans le bassin versant de l’École :
Ces deux dernières classes de risque concernent exclusivement des digues. Le risque de fuite est principalement localisé sur l’École (10 149 ml), et dans une moindre mesure sur le ru du Rebais (1544 ml) et le ru de Moulignon (506 ml).
Au regard du risque d’inondation consécutif à la formation d’une fuite, il convient de différencier au moins trois cas de figure. Ainsi, la formation d’une fuite est :
De par les importants aménagements datant du Haut Moyen-Age, on peut considérer qu’une grande partie des cours de la rivière École, du ru du Rebais et du ru d’Auvernaux-Moulignon sont formés d’une succession de biefs perchés qui s’écoulent avec une pente plus faible que la pente naturelle du terrain dans le fond de la vallée.
La répartition des chutes tout au long des linéaires permet de définir un degré d’étagement des cours d’eau. Le tableau ci-dessous montre qu’environ 60 % du linéaire de l’École est sous l’influence d’ouvrages hydrauliques. L’étagement est également très important pour le Rebais (74 %) et pour le ruisseau de Saint-Denis (67 %). Le ru d’Auvernaux-Moulignon présente quant à lui un étagement plus faible (13 %).
La continuité de la rivière École, du ru du Rebais et du ru d’Auvernaux-Moulignon est interrompue par une succession d’ouvrages hydrauliques tels que des moulins, des ponts ou des busages. Ces aménagements conditionnent des compartiments (ou biefs) qui modifient la dynamique naturelle du cours d’eau. Il est important de prendre en compte ce compartimentage qui entraine un certain nombre de dysfonctionnements (ralentissement et homogénéisation des écoulements, élévation de la ligne d’eau, piégeage des sédiments, eutrophisation, modification de la réponse du cours d’eau lors des précipitations, etc). En 2015, l’étude préalable à la restauration des cours d’eau du bassin versant de l’École (SAFEGE) a montré que 64 ouvrages hydrauliques participent au compartimentage des cours de l’École, du ru du Rebais et du ru d’Auvernaux-Moulignon. Le tableau ci-dessous montre la répartition de ces ouvrages sur les cours d’eau concernés. En moyenne, on y observe un ouvrage tous les 840 m.
Les ouvrages hydrauliques (moulins, ponts, busages, etc…) ont donc modifié la structure globale des pentes de l’École et de ses principaux affluents. Cette modification a pour conséquences de ralentir les écoulements, d’homogénéiser les milieux aquatiques et d’aggraver le risque inondation que ce soit par rupture d’ouvrage, débordement de bief, formation d’embâcle, etc.
Comme exposé précédemment, environ 46% des cours de l’Ecole, du Rebais et du ru d’Auvernaux-Moulignon ont été déplacés. Les fonds de vallées ainsi libérés ont été progressivement exploités par l’agriculture, principalement des cultures et quelques prairies, ou occupés par des constructions. C’est notamment le cas à Cély où le bourg ancien a très probablement été construit dans le talweg du Rebais, dans un ancien marais. Plus récemment, des pavillons ont pu être construits dans ou à proximité du talweg, comme dans le hameau de la Planche à Perthes, à Saint-Germain-sur-Ecole ou encore à Saint-Fargeau-Ponthierry.
Cette situation est parmi les plus problématiques car les habitations dominées par un bief perché sont directement soumises aux inondations en cas de débordement. Les eaux ainsi déversées dans le talweg ne trouvent aucun exutoire naturel, ce qui constitue un facteur aggravant du risque inondations. Il faut donc considérer les talwegs comme les principales zones d’expansion de crues et, par conséquent, comme des zones où le risque d’inondations est élevé. De plus, les constructions dans le talweg posent un problème en cas restauration, en limitant les possibilités de remise en fond de vallée.
En 2013, le bureau d’études Moulin de Lucy a produit une carte des sens d’écoulement théorique des eaux de surface couvrant la totalité du bassin versant de l’École. Ces écoulements ont été calculés à partir du modèle numérique de terrain de l’IGN à une maille de 25 m (c’est-à-dire que l’on dispose d’une donnée d’altitude par surface unitaire de 625 m2). Malgré ce faible degré de précision, notamment responsable d’erreurs de calcul, la donnée produite fournit une prélocalisation intéressante des talwegs du bassin versant. Les cartes n°18 à n°23 ci-dessous présentent la prélocalisation des talwegs.
Sur les plateaux, les pratiques agricoles intensives (grandes cultures, absence de haies et de bosquets, pratiques culturales peu adaptées aux risques, etc) se sont souvent développées au détriment des milieux aquatiques et humides contribuant, dès l’amont, à réduire les fonctions écologiques fondamentales de stockage et d’autoépuration de l’eau.
Dans les plaines agricoles, le drainage des terres agricoles provoque de fréquentes mises en charge du réseau hydrographique, via les réseaux de fossés ou par rejet direct en cours d’eau. Lors d’épisodes pluvieux moyens ou importants, les conséquences de ces aménagements peuvent être catastrophiques à l’aval où le cours d’eau peut brutalement déborder et inonder des secteurs habités (ex : Auvernaux, Pringy, Saint-Fargeau-Ponthierry). De plus, le curage des fossés et l’élimination systématique de la végétation aquatique contribuent à aggraver le risque d’inondation à l’aval, le milieu étant alors dans l’incapacité de ralentir les écoulements et de laminer la crue. Ces pratiques s’avèrent particulièrement inadaptées à la gestion des inondations dans le bassin versant de l’École.
Sur les plateaux, les chemins et routes imperméabilisés sont susceptibles de capter les eaux de ruissellement issues des terres agricoles. Ces axes peuvent conduire les eaux de ruissellement dans les bourgs situés à l’aval et provoquer des inondations pluviales et/ou des coulées boueuses (ex : hameau des Roches à Videlles, bourg de Tousson, bourg de Boissy-aux-Cailles, etc).
Dans les fonds de vallées, secteurs densément habités et aménagés, l’imperméabilisation de sols aggrave le risque d’inondation. De plus, la multiplication des rejets de diverses natures dans les cours d’eau (rejets d’eaux pluviales, rejets de stations d’épuration, rejets d’eaux usées, etc) participe à la mise en charge du réseau hydrographique et aux débordements catastrophiques dans les zones habitées.
Rédacteur : Mathieu KOKOT
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