Syndicat mixte des bassins versants de la rivière Ecole,
du ru de la Mare-aux-Evées et de leurs Affluents

La Renouée du Japon : une espèce envahissante et impactante

La Renouée du Japon ou Reynoutria Japonica est une plante herbacée vivace de la famille des Polygonaceae. Originaire d’Asie orientale, elle y est consommée à des fins thérapeutiques ou gustatives. Le terme Renouée du Japon est communément utilisé pour désigner les différentes espèces de Renouées asiatiques difficiles à distinguer entre elles, la Renouée du Japon, Renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis) et l’hybride issu de ces deux espèces, la Renouée de Bohème (Reynoutria x bohemica). Largement implantée par l’Homme en Amérique du Nord et en Europe pour des raisons ornementales, sa présence perturbe profondément les écosystèmes dans lesquels on la retrouve.

 

Savoir l’identifier

La Renouée du Japon est une plante buissonnante qui mesure entre 3 et 4 mètres de hauteur au plus fort de son activité. Elle s’établit en formant de vastes et denses massifs.

On la distingue par ses grandes feuilles entières et nervurées. Leur forme ovale à triangulaire se terminant par une pointe caractéristique.

Ses fleurs de petites tailles et de couleur blanc crème sont regroupées par grappes et apparaissent à partir du mois d’août puis se fanent courant septembre.

Les tiges sont cylindriques et creuses. Elles se structurent par des nœuds réguliers semblables aux bambous et sont de couleur verte parfois tacheté de rouge sombre.

Disponible en téléchargement, voici une fiche réalisée par le SEMEA pour connaître l’essentiel sur la Renouée du Japon : FICHE RENOUEE DU JAPON

 

La connaître

La Renouée se reproduit par deux méthodes différentes : la reproduction sexuée et la reproduction végétative.

La première est la méthode de reproduction la plus commune parmi le règne végétal ; la plante produit des fleurs qui sont butinées par des pollinisateurs puis elles laissent la place aux fruits de la plante qui contiennent les graines.

Toutefois le mode de propagation dominant de la Renouée en Europe est la reproduction végétative ; soit par ses rhizomes qui s’allongent (ils peuvent mesurer jusqu’à 20 mètres) soit par des petits fragments de tiges qui suffisent à engendrer une nouvelle plante et à termes un nouveau massif.

Bien développé un massif de Renouée du Japon est une végétation luxuriante. Pourtant les feuilles et tiges ne représentent qu’un tiers de la masse totale de la plante. Les deux tiers restants sont constitués de son système racinaire et des rhizomes qui court horizontalement dans le sol.

Enfin la principale problématique liée à cette plante est sa capacité de régénération stupéfiante qui rend sa gestion très complexe. Elle peut se disperser via le cours d’eau, les outils de coupe, les semelles de chaussures ou les engins mécaniques. En effet un simple fragment de rhizome, de tige ou de feuille suffit, une fois en contact d’un substrat, à recréer une plante.

 

Pourquoi est-elle envahissante?

Commençons par la notion d’espèce envahissante, cette plante possède plusieurs cordes à son arc dans l’objectif de coloniser un milieu et dominer rapidement les espèces présentes pour s’y implanter :

  • Sa vitesse de croissance impressionnante ;
  • Ses effets allélopathiques : le rhizome produit des toxines qui empoisonnent les racines des plantes voisines ;
  • Sa grande taille et son feuillage abondant qui privent les autres espèces de lumière ;
  • En hiver les parties mortes de la Renouée se décomposent mal et empêchent le développement d’autres plantes durant cette saison ;
  • Sa dispersion très efficace par ses graines ou bien de petits fragments de tiges ou de rhizomes capables de reformer une plante ;
  • Ses capacités de régénération hors normes.

 

Impacts écologiques

La présence de la Renouée dans un milieu naturel change la dynamique végétale locale composée de plusieurs espèces cohabitant dans un même milieu en un unique massif de Renouée. La prolifération d’une seule et même espèce engendre l’appauvrissement de la biodiversité par la modification des équilibres en place :

  • La disparition d’espèces faunistiques et floristiques locales, parfois rares et menacées ;
  • La perte d’habitats pour ces espèces ;
  • La raréfaction de la ressource alimentaire ;
  • La perte des fonctions des écosystèmes du milieu.

Ces pertes peuvent entraîner l’apparition de conditions favorables à d’autres espèces invasives (végétales ou animales) et menacer les espèces aquatiques naturellement présentes et patrimoniales.

Outre l’impact négatif sur la biodiversité, la Renouée du Japon a aussi des effets sur l’érosion des berges. En prenant la place des espèces autochtones, elle supprime leurs systèmes racinaires adaptés pour faire place au sien et à ses rhizomes. Le système aérien de la Renouée bien que luxuriant ne représente qu’un tiers de sa biomasse. Les deux tiers restants sont constitués de son système racinaire et des rhizomes qui courent horizontalement dans le sol.

L’inconvénient de ces rhizomes est qu’ils ne développent pas de système racinaire entrelacé et complexe capable de maintenir les berges. Au contraire, ils facilitent leur érosion en éliminant les espèces remplissant ce rôle et ne les remplaçant pas dans leur fonction. De plus, la période d’activité de la Renouée s’arrête en octobre ce qui laisse le sol sans protection face aux intempéries une fois les tiges sèches, et ce, jusqu’au printemps suivant.

 

Impacts d’usages

Différents impacts sur les usages peuvent survenir par la présence de l’espèce. En bord de route la masse luxuriante des Renouées qui jouissent d’une lumière abondante entrave la visibilité, cache la signalétique et gêne l’accès à l’accotement, engendrant des risques pour la sécurité des usagers. Les moyens techniques et financiers pour réguler son développement sont conséquents.

Leur développement important peut également limiter ou bloquer l’accès au cours d’eau, nuisant ainsi à des activités de loisirs telles que la pêche, la chasse, la promenade ainsi qu’à l’entretien des berges et des ouvrages. En outre les Renouée contribuent à l’homogénéisation et à la banalisation des paysages.

 

Les gestes à bannir

Un certain nombre de pratiques, appliquées par habitude car elles fonctionnent sur d’autres espèces, se révèlent néfastes pour la lutte contre la Renouée. Souvent inefficaces, elles favorisent même parfois son implantation. Ainsi, les actions suivantes sont à proscrire :

  • Débroussailler et gyrobroyer les massifs ;
  • Après chantier sur des zones infectées, réutiliser du matériel non traité sur un site non-colonisé ;
  • Utiliser des désherbants chimiques (type glyphosate) ;
  • Laisser sur site les résidus de coupe, les jeter aux déchets verts classiques ou les mettre au compostage ;
  • Déplacer les terres infectées sans traitement préalable.

La reproduction végétative très puissante de la plante lui permet de reformer une plante à partir d’un simple brin. Les techniques mécaniques de coupe favorisent donc cette dispersion en projetant des morceaux aux alentours ou dans le cours d’eau qui formeront en peu de temps de nouveaux plants. De la même manière, des fragments coincés dans un matériel de fauche ou de broyage qui n’aurait pas été nettoyé précautionneusement, peuvent se disperser dans des zones saines lors d’utilisations ultérieures à un chantier de lutte contre la Renouée.

Les produits phytosanitaires se sont montrés peu efficaces en comparaison de leurs effets négatifs sur le milieu. Leur usage est par ailleurs interdit à proximité d’un cours d’eau.

Laisser les résidus de coupes sur site ou les mettre au compostage est contre-productif, la plante repoussera de plus belle par l’apport de matière nutritive. Les déchets doivent être envoyés en déchetterie spécialisée pour être enfouis ou brûlés.

Même si des pousses ne sont pas visibles, des fragments de rhizomes ou des graines peuvent rester en attente plusieurs années dans le sol. La terre infestée ne doit pas être déplacée pour être réutilisée ailleurs et doit faire l’objet d’une surveillance régulière.

 

Les bons gestes

En tant que riverains et citoyens, vous êtes régulièrement sur le terrain et susceptibles de constater l’implantation de l’espèce. Dans un premier temps les bons réflexes à avoir sont :

  • Signaler la ou les stations observées en mairie ou au SEMEA lorsqu’elles se situent en bordure de cours d’eau (si possible prendre photos et point GPS pour faciliter le traitement de l’information) ;
  • Proscrire les interventions à la débroussailleuse ou à la gyrobroyeuse comme vu au-dessus ;

Par la suite on peut envisager différentes méthodes de gestion de la Renouée en fonction des caractéristiques de la zone impactée et des moyens disponibles :

  • Arrachez ou fauchez les plants régulièrement au cours de l’année. Il faudra alors impérativement évacuer l’INTÉGRALITÉ des résidus dans des sacs plastiques étanches et ce avec le plus de précautions possibles et les envoyer vers un centre de déchetterie spécialisé ;
  • Il est possible de complémenter l’action d’arrachage par un bâchage de la zone pour couper l’accès au soleil de la Renouée. Attention cela nécessite des bâches spéciales totalement opaques qui devront rester en place plusieurs saisons de suite ;
  • Dans le but de concurrencer la Renouée pour l’accès à la lumière, il est intéressant de planter des espèces à prise rapide autochtones telles que le Saule, le Sureau blanc, le Cornouiller stolonifère, le Physocarpe à feuilles d’obier ou encore la Bourdaine ;
  • Il est également possible de faire pâturer des animaux d’élevage sur les zones colonisées, la Renouée étant comestible pour l’homme comme pour eux ;
  • Le broyage de la terre sur environ 1 à 2 mètres de profondeur par une pelle mécanique équipée d’un godet broyeur-concasseur est un type action possible qui a montré son intérêt bien que très couteux.

 

Conclusion

Enfin il est important de ne pas sous-estimer les capacités de la Renouée du Japon. La priorité actuelle est de limiter au maximum sa dispersion. Pour cela, il est important d’appliquer les conseils énoncés dans cet article.

Aujourd’hui, il est crucial d’appliquer le principe de solidarité amont – aval pour la gestion des cours d’eau et des crues. Si vous possédez de la Renouée chez vous, le risque qu’elle se répande en aval est fort. Tout comme le risque est fort qu’elle s’implante chez vous si des stations existent en amont. Pour être efficace, notre vision de la problématique doit être globale.

Il faut également s’interroger : pourquoi la Renouée se développe-t-elle chez nous ? Tout comme la majorité des espèces exotiques envahissantes, la Renouée trahit une dégradation de l’environnement lui libérant la place pour s’installer. Préserver et restaurer le fonctionnement naturel de la rivière et sa flore locale est primordial afin d’éviter et de contenir ce genre de dommages.

Pour que les actions de lutte soient effectives il faut que tout le monde participe.

 

Rédacteur : Charles MAFFRE

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Massif de Renouée à Dannemois (SEMEA, juillet 2021)

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Massif de Renouée (SEMEA, août 2021)

Feuilles de Renouées (SEMEA, août 2021)

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